À la Une: la version du policier responsable de la mort de Nahel
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Les quotidiens Le Monde et Le Parisien ont pu se procurer les premières constatations de l’enquête sur la mort du jeune homme, tué mardi dernier par un policier à Nanterre. « Les circonstances du drame commencent à s’éclaircir, pointe Le Monde. Dans le cadre de l’audience sur le maintien en détention provisoire de ce brigadier mis en examen pour homicide, audience prévue ce jeudi, le procureur général de Versailles, Jean-Louis Bernadeaux, synthétise, dans un réquisitoire daté d’hier mercredi, l’état d’avancement des investigations en cours. Le document reconstitue, de façon détaillée, la chronologie des faits (…). »Course-poursuiteAlors que nous apprend l’interrogatoire du policier ? Le Parisien nous livre son récit : « Le fonctionnaire explique d’emblée qu’il en est à "son neuvième jour de travail consécutif". Il retrace alors la chronologie de l’intervention litigieuse. Dès 8 heures, Florian M. et son collègue repèrent une Mercedes "dont le moteur vrombissait et qui circulait dans la voie de bus". Les deux motards s’approchent alors de la puissante voiture. Toujours au guidon de sa moto, Florian M. se place du côté passager et actionne à plusieurs reprises ses gyrophares ainsi que sa sirène "deux tons". Il demande alors au conducteur et à ses deux passagers de se ranger pour procéder à un contrôle. Nahel repart alors "à pleine vitesse", selon les mots du policier. "Jusqu’à 80 ou 100 km/h", selon les affirmations à l’IGPN du second motard impliqué dans l’affaire. Pour Florian M., Nahel aurait même fait une embardée vers son collègue durant sa fuite ».« Quelques centaines de mètres plus loin, à proximité de la place Nelson-Mandela, les deux policiers rattrapent la Mercedes jaune bloquée dans les bouchons. Florian M. court alors jusqu’au niveau du conducteur puis sort son arme. Il se place au niveau du pare-brise avec son arme dans la main droite. Il se met en position de "tir fichant" pour, selon lui, éviter de tirer n’importe où et viser le bas du corps de Nahel au cas où il aurait besoin d’ouvrir le feu ». Et son collègue se place au niveau de la vitre du conducteur.« Coupe, coupe ! »S'ensuit, poursuit Le Parisien, un court dialogue : « "Coupe, Coupe" (et non "shoote" comme interprété par certains), aurait ainsi crié Florian M. avant qu’une seconde voix, potentiellement celle de Nahel, ne crie : "Pousse-toi !". Une troisième voix, "pouvant être attribuée" au collègue de Florian M., aurait alors bien crié : "Tu vas prendre une balle dans la tête". Une première analyse qui devra toutefois être confirmée par une expertise qui est en cours auprès de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie ».Déstabilisé par l’accélération du véhicule ?Le Monde précise que « le brigadier explique s’être retrouvé acculé contre le trottoir et le muret situé derrière lui. Il pense immédiatement que le conducteur va accélérer alors que pour lui, à cet instant précis, son collègue se trouve toujours en partie dans l’habitacle. II prend alors la décision d’ouvrir le feu pour éviter qu’il ne renverse quelqu’un ou "n’embarque" son collègue. Le policier assure aussi que "son objectif initial n’a pas été de tirer". Il précise toutefois qu’il n’a pas voulu "viser le haut du corps mais le bas". Il explique ensuite qu’au moment de faire usage de son arme, "il a été déstabilisé par l’accélération du véhicule" (…). Pour justifier son tir, le policier affirme aussi avoir pensé que le corps de son coéquipier était "engagé à l’intérieur de l’habitacle". Des déclarations contredites par son coéquipier, qui a précisé lors de ses auditions que seul son bras l’était ».Le maintien en détention requisJuste après le coup de feu, « la vidéo enregistre cinq ou six coups de klaxon et un vrombissement de moteur. L’autopsie a révélé que le tir mortel a touché Nahel au thorax après avoir transpercé le pare-brise avant et le poignet de l’adolescent ».« Florian M. a été présenté à deux juges d’instruction le 29 juin au tribunal judiciaire de Nanterre et mis en examen pour "homicide volontaire", rappelle Le Parisien. Il a ensuite été incarcéré à la prison de la Santé, à Paris. Le policier a fait appel de son placement en détention provisoire et l’audience à la chambre de l’instruction se tiendra ce jeudi à Versailles. » Audience au cours de laquelle, pointe Le Monde, le parquet va requérir « le maintien en détention provisoire du brigadier ».